On franchissait la Seine à cet endroit depuis 1550 avec un bac – d’où le nom de la rue du bac, rive Gauche. Un premier pont en bois fut construit en 1632 auprès du financier barbier. Il était réservé aux piétons et aux cavaliers, qui devait s’acquitter d’un pillage. Il portait alors le nom de son financeur. Il devait ensuite pont Sainte-Anne, en hommage à la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XVIII, puis pont Rouge, en référence à la peinture qu’il recouvrait. La fragilité du bois l’exposait à tous les maux : il fut coupé par les eaux, incendié et emporté par les crues.
Toutes ces catastrophes décidèrent Louis XIV à construire aux frais de la couronne un pont en pierre, dont il confia les plans à Jules Hardouin-Mansart. L’ouvrage s’appela alors pont Royal. À la révolution, le gouvernement le rebaptisa Pont National. Encore serviteur de la république, Napoléon Bonaparte fit des disposés sur ce ton les canons qui sauvèrent les Tuileries de l’instruction royaliste du 13 vendémiaire en quatre (5 octobre 1795). En vertu de quoi, il le fit nommer pont des Tuileries. En 1814, Louis XVIII rendit au pour son ancienne appellation, qui misait rester depuis. Aujourd’hui, le pont Royal conserve la mémoire des crues historiques, inscrite sur la dernière pile de chaque cri.
Source de l’image d’illustration : Pierre Blaché from Paris, France, CC0, via Wikimedia Commons